Analyse de consultation

Analyse de consultation

Par : Laetitia

Bonjour Oscar,

Voici mon analyse de la consultation effectuée le 3 décembre. Vous souhaite la meilleure réception possible.

1)    En reprenant la consultation:

*Tout d’abord, après vous avoir vu à Paris, j’ai lu une grande partie des documents disponibles sur le site et regardé quelques vidéos. Je voulais être sûre d’avoir compris les règles de la consultation .
En demandant la consultation, je ne voulais pas vous faire perdre votre temps et pouvoir évoluer convenablement, car les réactions de certaines personnes, à Paris, me semblaient bloquer la présentation inutilement.( sauf si on mène une étude sur les résistances, mais cela ne me semblait pas intéressant dans ce cadre).Je pensais donc être prête.

*Après m’avoir fait reposer la question que je posais, vous me guidez rapidement vers les présupposés de cette question. Ceux- ci énoncés, vous me demandez de distinguer plus clairement les concepts que je manie et qui posent problème dans ma façon de vous répondre: j’hésite entre savoir, certitude et hypothèse.
Cela me plait car en analysant le sujet Laetitia, nous procédons comme une analyse de sujet dans le traitement des questions en philosophie. C’est mon domaine, et je l’aime, tant pour la méthode que pour l’intérêt que je porte aux idées, systèmes et pensées des philosophes.
En cela  je ne suis pas surprise. Même si j’ai peur du résultat de la consultation, pour l’instant je joue le jeu.

Cependant,j’ai peur de poser une réponse, et en même temps, j’ai peur de mes incertitudes et de mes doutes. Donc j’ai peur de parler et si je suis méthodiquement prête, cela ne suffit pas.
Pas question de se réfugier derrière le «  je sais comment ça marche, donc je ne risque rien ».
Je sais que je vais être inquiétée, ce qui n’est pas agréable, mais je ne sais pas où ni comment.

*Vous me conduisez à inspecter quel système je me constitue. Le concept d’idéalisme apparaît, même s’il n’est pas facile à poser. Je prends des détours avec l’image du fond. Vous me recadrez et m’obligez à penser cette référence «  poétique ».
***Ici, je prends conscience que ce que j’ai longtemps cherché- être à la hauteur d’un certain idéalisme- me pose problème et ce, peut être pour de fausses idées qui créent de faux problèmes.
Idées mal pensées, idées cachant des peurs, celle du risque entre autres , du hasard, de ce qui «  ne dépend pas de moi ».

*A partir de là, vous flairez le problème de mon système qui repose sur un dogmatisme parfois indigeste et source de blocage pour moi même et pour les autres.
J’ai du mal à l’admettre. Pourtant, je partais avec l’idée d’accepter d’admettre ce qui pouvait m’inquiéter, me déranger. Loupé.
*** Je me rends compte que cela se lie à ma grande difficulté à travailler avec les autres, toujours peur de prendre le risque que cela ne soit pas assez bien fait, ou peur des réactions de rejet quand je pose des exigences.

*Comme j’ai du mal à distinguer ce qui pose le plus problème entre vie professionnelle et vie personnelle, vous m’invitez à hiérarchiser, à recadrer le problème, à mieux le délimiter. J’ai du mal.
***Je réalise que j’ai du mal à séparer ma vie personnelle de ma vie professionnelle. Le travail n’est pas un gagne pain,ni un labeur, mais une vocation. J’aimerais même qu’il ressemble à une œuvre, et cela me pose problème car dans un cadre rigide, voire difficile d’enseignement, je me permets de grandes fantaisies, voire des folies douces. Ce mélange de deux excès déroute et suscite beaucoup d’incompréhension, voire des ennuis. J’ai du mal à jouer le jeu avec les données posées par la réalité surtout dans l’aspect  institutionnelle. Pourtant je peux me fondre dans celles ci, parfois.
Quand la survie économique en dépend ou quand il y a défi ( vivre dans un couvent en a été un)ou encore quelque chose de fantaisiste.
L’absurdité de certains rouages me rend  malade.

*Devant mes difficultés, vous me mettez sur la voie d’une résolution par la réconciliation avec mon schéma. En pensant à la légitimité de l’idéalisme.
Je suis encore plus en difficulté, cela se remarque par les crispations de mon visage.
Vous savez les arrêter par une prise en charge moins incisive, plus décontractée de mes réponses, et un humour qui me conviennent .
Or je bute encore sur une difficulté, j’ai un système qui vise un bien non souhaitable. Sympa comme paradoxe. Vous ne pouvez que m’inviter à le penser mieux.
Je cherche à fuir et à emprunter des détours,involontairement, même si je prends le temps de réfléchir.

*De ce fait vous me mettez sur la piste du rapport à la réalité et interrogez mon problème de la solitude.
Encore une fois, je tente le détour par l’évocation de la nécessité. Si la réalité « brute » me dérange, vous sentez que ce que la réalité a de plus radicale me tracasse, donc vous me mettez sur la piste de la mort sans me donner le concept, vous tentez de m’en faire accoucher, mais la , je retombe dans la poésie.
Vous me donnez donc un exemple simple, par la science fiction, que j’apprécie, ça tombe bien, mais je ne peux encore énoncer ce qui m’inquiète tant: la mort.

*De ce fait, vous rebondissez sur le problème de tout devoir abandonner, car je me demande s’il ne vaudrait pas mieux larguer les amarres de mon système.
Emerge alors le problème de la reconnaissance.
*** J’ai repensé à cela, il est vrai que c’est un problème lourd. Tout en ayant fréquenté absolument tout type de milieux, des plus hauts au plus miséreux et en étant reçue partout, j’ai un mal terrible à « être ». Je viens d’un milieu ouvrier. Même si ma mère a soutenu le fait de faire des études et mon père a pu le comprendre, j’ai depuis eu l’impression d’avoir non pas le cul par dessus tête mais entre trop de chaises. Plutôt que de voir une multiplicité et de la prendre comme un avantage, j’ai toujours eu peur de me perdre car je ne me suis pas saisissable et cela m’inquiète. Mais n’est ce pas un faux problème?

*Vous percevez clairement ma peur d’être déstabilisée, et vous dites que je veux bien des problèmes mais ils ne doivent pas m’affecter.
J’apparais soulagée par votre propos. Un «nœud» se desserre.
*** Effectivement, étant hyper sensible, je me suis érigée une sorte de citadelle pour ne pas être affectée/infectée, si bien que j’ai oublié cela. Car je suis embarrassée souvent à cause de cette sensibilité, j’essaie d’oublier que je l’ai.

*Vous revenez sur la peur de l’étranger, de voir autre chose.
J’aborde la peur de la folie, autre détour que vous recadrez en me demandant si c’est une crainte fondée.

*Vous me canalisez sur ce que je cherche à éviter, la question des fondements du système.
Pourquoi y tenir? Pourquoi redouter à ce point l’inconnu?
Pour faire avancer le travail, vous me proposez un postulat: réel= altérité.
J’arrive alors à percevoir que ce qui me dérange c’est que tout système, dont le mien repose sur de l’irrationnel. Celui ci présuppose donc un acte de foi qui l’engage.
Je n’arrive pas à l’admettre, même si je suis d’accord avec l’idée.
*** La question de la foi me pose en fait un sérieux problème. La preuve, je ne suis pas bavarde à ce sujet.

*Comme je n’avance pas, vous prenez un autre détour, un petit exercice, la phrase à laisser à l’humanité.
Je ne sais que dire, au fond je ne veux pas y songer ( joli paradoxe car je me suis souvent «  amusée » à rédiger des testaments pour conjurer mes craintes de disparition)

*Vous m’invitez alors à réfléchir à un domaine de prédilection.
La métaphysique apparaît comme une évidence. L’être, le temps.
Comme on évoque un domaine qui me rassure, j’avance plus vite et je réponde sans détour.

*Vous m’invitez à formuler une proposition simple qui incluse les deux termes.
J’ai du mal.
*** J’ai vraiment du mal  avec cette question!

*Vous voyez que c’est vers Parménide que je me tourne.
Vos façons de viser juste, de bien cibler et les références et ce à quoi renvoient mes signes me montrent que je suis véritablement écoutée. Je partais en vous faisant confiance, celle ci se trouve confirmée à ce moment. Mon visage est plus détendu, mon corps plus posé.
*** Parménide m’a plus que perturbé…

*Vous m’invitez à penser ce qui dans l’être me pose problème.
L’ignorance sort .
***Vous dites alors un mot «  terrible »: «  vous ne savez pas faire le deuil », je coupe la suite car ce premier moment de votre phrase comprend un problème que je fuis.
Je n’ai jamais eu peur de ne pas être normale par rapport à des normes sociales dans le rapport au deuil, mais j’ai peur de me « pourrir » la vie avec des deuils, personnels ou relatifs à la famille.
Une série de deuils m’a en effet déstabilisé, et a fait basculer ma vie.
Je suis étonnée de ne pas avoir sur réagi à cela, par des larmes, par exemple. Peut être suis je un peu plus solide que je ne le pense. Ouf.

*Vous me demandez alors pourquoi je n’accepte pas l’insaisissable de l’être.
J’ai du mal à penser la perte.

*Pour la deuxième fois, vous me mettez sur la voie de la réconciliation, ici avec la dimension parménidienne.
J’ai du mal; et vous me recadrez en me demandant si j’accepte l’apophatique. Même avec ce concept  clair et sans risque, je bloque. En effet, j’y vois encore le risque de la mystique, car la question des fondements me saute à l’entendement.

*Donc, voyant mon embarras avec le concept de perte, d’inconnu, persistant, vous m’invitez à découvrir les bienfaits de l’inconnu, et à me réconcilier avec celui ci. C’est donc la troisième approche de réconciliation.
Il faut pour cela travailler sur la surprise et les certitudes.

*L’essentiel du fonctionnement du système; de ses limites, de ses faussetés et du questionnement a été fait car les points de dysfonctionnement qui provoquent mes blocages et mes angoisses ont été débusqué.
Vous me faites donc conclure par une question que je pose systématiquement à mes élèves à la fin d’un cours, qu’en pensez vous, qu’avez vous appris.
Je réalise que j’ai du mal à aborder certains problèmes. J’ai du mal à re- parcourir le cheminement, je me sens fatiguée même.
Vous me faites prendre conscience de ma peur de ne pas être écoutée , comprise, ou être prise au sérieux.
*** Effectivement je suis souvent agacée par le manque d ‘écoute des élèves ( légitime ou pas), le manque d’écoute de certains proches,et leur manque de compréhension. Par ceux qui voudraient que je corresponde à une image ( eux mêmes sont souvent instables et pu fixés mais le nient)( celle qu’eux même se font de moi ou une norme sociale)et que je peu surprendre ce qu’ils n’apprécient guère. Et les personnes qui comprennent cela m’effraient souvent par leur propre instabilité, principe même de leur vie. Ce sont souvent des artistes.
Quand il s’agit de sentiment à évoquer, de peur ou de tristesse, je bloque vite, je suis plus à l’aise quand il faut raisonner, cela me rassure, en effet.
***Je me suis ruée sur le dîner comme après un effort sportif!

1)    Remarques générales:
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3)    * J’ai pu mieux me rendre compte de l’utilisation de votre  socratique méthode, même si j’en avais pris connaissance par les articles et les ateliers de Paris. L’analyse lucide des problèmes, l’usage des associations, des concepts clefs qui obligent à penser abstraitement et à sortir du vécu, de l’émotion; de la quotidienneté. Le questionnement précis, l’usage de détours, d’exercices, de l’humour pour revenir au problème inaccepté ou relâché. Le dégagement du système qui nous est propre.
4)    La volonté de proposer , par delà les inquiétudes et les dérangements, le «connais toi toi même » par des réconciliations , une libérationpar la compréhension de ce qu’est notre autonomie
5)    *Je suis frappée par le temps que je prends à réfléchir ici, je le fais souvent en écoutant les autres, mais pas pour moi même. Je me dis que si je me comportais plus souvent comme ça , au lieu de foncer…
6)    *L’effort de ne pas se réfugier dans l’analyse du vécu par le détail ( je ne me le suis permise que deux fois dans cette analyse car cela me semble nécessaire) ou derrière les savoirs ( ce que je pratique souvent…) est difficile.
7)    Cela n’a pourtant pas constitué une frustration, celles ci n’ont pas existé sur le moment mais après coup, en regardant la vidéo, où je me suis trouvée trop lente.
8)    * Depuis la consultation, je n’ai pas eu de crise violente d’insomnie.
9)    * Remarque qui peut sembler futile, j’ai décroché l’affiche d’un tableau qui m’a suivi et hanté pendant des années, La fiancée du vent. Cela m’a fait un bien fou.
10)    Sans que cela aboutisse à un flirt ou plus, j’ai rencontré deux hommes que je connaissais peu et avec qui j’ai passé un bon moment.
11)    *J’ai accepté l’idée de fêter Nouvel an, cela faisait des années que cela ne m’était plus arrivé.
12)    *Il a été plus difficile d’écrire, puisque vous n’étiez plus là, vous le médiateur intransigeant mais agréable entre moi et moi même…
13)    *J’ai à présent devant moi un certain miroir, avec lequel je travaille…autrement.
14)    *J’avais refusé de lire l’article «  Philosopher c’est cesser de vivre »avant d’écrire ceci; je vais le faire.
15)    *Même si vous proposez des consultations gratuites et que vous savez ce que vous faites, ça me pose problème, j’ai opté pour cela car je suis dans une situation difficile, mais cela me gene, surtout quand je constate ce que je soumets à votre lecture.
16)    * Cela m’a confirmé grâce à votre regard- propos non enregistré dans la consultation- dans mon envie de me tourner vers cette activité.

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