Philosopher avec les enfants
Il n’est pas d’âge pour philosopher. Et comme pour la pratique artistique ou sportive, le plus tôt est le mieux pour s’initier. Bien entendu, il s’agir encore de définir ce que la philosophie, car telle qu’en général elle est enseignée, même l’élève de Terminale bien souvent ne s’y retrouve pas. Si apprendre à penser signifie faire de soi-même et de sa propre pensée un objet de réflexion, nul ne peut alors s’en passer, dès les premières années.
Où es-tu ? Avec qui es-tu ? (10 – 11 ans)
Philosopher, ce n’est pas uniquement se poser de vastes questions, existentielles ou métaphysiques, mais c’est déjà s’interroger sur le lieu où nous sommes, sur ce que nous y faisons, sur ceux qui nous entourent. Durant cet exercice, l’animateur invite des enfants de dix ans à se positionner dans le monde, à analyse ce qui se passe autour d’eux, un exercice inhabituel et difficile.
Prendre conscience de soi et de ce que l’on fait. (6 – 10 ans)
La pratique philosophique, avant d’être conceptuelle, relève d’une attitude. Ne plus être dans l’impulsion, dans la réaction, dans le geste et la parole inconsciente, ce qui implique un véritable travail sur soi. C’est ce qui se nomme « travail sur les attitudes », afin d’instaurer une conscience de soi minimale, comme dans un exercice de méditation. Pour cela, il est nécessaire de poser des contraintes et d’examiner les difficulté qu’une telle exigence entraine. Passer de l’inconscience à une conscience préréflexive, puis à une conscience consciente d’elle-même.
Oser penser (13-14 ans)
Pour beaucoup d’enfants, l’école, pas plus que la famille ou la société, n’est un lieu où l’on favorise le développement de la pensée. Aussi la rencontre avec une personne qui nous incite à la réflexion est quelque peu troublant, cela suscite même une certaine nervosité. Pourtant l’exercice reste possible, mais il s’agit de déjouer autant que faire se peut les nombreux obstacles qui surgissent chemin faisant.
Se risquer à la parole publique (11-12 ans)
Comme nous le décrit Platon, le philosopher passe par l’épreuve de la parole, une parole qui ne se cache plus dans des échanges privés, nerveux et furtifs, mais une parole qui ose exister, qui se déploie dans le monde, au risque du jugement d’autrui. De surcroît, durant cet exercice, ce jugement sera convoqué, afin de mesure l’énoncé singulier à l’aune du sens commun, plutôt que de chercher la validation de l’autorité établie.