Extrait 1: Tutorat par Skype avec Google doc
Question initiale: Pourquoi ai-je souvent peur de ne pas contrôler les situations ?
Identifier les présupposés
Cette personne pense que toutes les situations ne sont pas maîtrisables. Probable
Le “souvent” indique que cette peur de non maîtrise n’est pas toujours présente. Cette personne présuppose que cette peur de non contrôle n’est pas permanente et que certaines situations sont maîtrisables. → Probable (évident)
Contrôler n’est pas la même chose que maîtriser → Interprétation possible (rien ne montre cette différence dans la question initiale)
Cette personne donne l’indice d’une émotion → Cette personne est émotionnelle. Probable
La question porte sur les raisons qui motivent cette émotion de peur (la personne cherche à identifier les raisons de sa peur). Tautologique
Cette personne souffre (probablement.). Cf récurrence de cette peur. Ok
Cette personne veut comprendre ce qui motive cette émotion parce qu’elle part du présupposé que cette compréhension l’aidera à être moins dans le contrôle.
→ cette personne veut être moins dans le contrôle. Ok
Cette personne éprouve une émotion forte et en même temps, peut-être paradoxalement, fait appel à une démarche rationnelle de compréhension.
→ cette personne a du mal avec la dualité entre ses émotions et sa raison, également très présentes.
Cette personne se sent impuissante. Ok
Cette personne se sent responsable. Ok
Cette personne a de la difficulté à lâcher prise. Ok
Questionnement
Bloc 1
Q1: Pourriez-vous me préciser les situations dans lesquelles vous éprouvez cette peur ? Clarification (situations ou la personne se sent impuissante)
Commentaire: Demander une situation plutôt que plusieurs → plus précis et évite le narratif et la confusion
Q2: Pourriez-vous me préciser les situations dans lesquelles vous n’éprouvez pas cette peur ? Clarification (question à l’inverse de la 1ère)
Reformulation: Pourriez-vous proposer une situation où vous n’éprouvez pas cette peur?
Q3: Que ressentez-vous dans ces situations d’impuissance ? Identification des émotions
Saute l’étape de conceptualisation (impuissance)
Q4: Lorsque vous arrivez à lâcher prise, que ressentez-vous ? Similaire
Pourrait décomposer davantage (trop rapide)
Q5: En quoi le fait de maîtriser une situation est rassurant ? Clarification (pouvant amener à la problématisation)
Q6: Que se passe t-il si vous ne contrôlez pas ce qui se passe? Clarifier
Q7: Comment appelez-vous quelqu’un qui cherche à être dans le contrôle? Conceptualiser
Q8: Voyez-vous un problème dans le fait d’avoir peur de ne pas contrôler? Problématiser
Commentaires
C. oublie les consignes, lorsque cela la touche personnellement.
C. devient subjective, lorsqu’elle est touchée par une situation.
C. est dans le contrôle.
C. est impatiente dans le cheminement.
C. est destabilisée par le fait d’être guidée: étant professeure, elle a pour habitude de guider. (renversement des rôles)
C. ne pense pas comme le sens commun (“Le sens commun ou moi?”)
Notes du client
Glissement conceptuel (contrôle et maîtrise) lié à l’émergence de la subjectivité;
Proposition de lâcher-prise au regard de l’objectivité, de mise à distance de soi et de ses émotions, ce qui ne m’est pas familier car j’ai plus l’habitude de lâcher-prise au regard de l’activité mentale (exemple de la méditation). La démarche rationnelle est davantage comprise sur le mode du contrôle. Lâcher-prise qui est plus dans l’observation que l’expérience (pas antinomique avec la méditation = observer le surgissement de ses pensées).
Conclusion de la séance:
Démarche formative exigeante en ce qu’elle part du fonctionnement de la personne pour l’inviter à se mettre à distance de son questionnement pour l’objectiver progressivement à travers une démarche rationnelle qui part des présupposés, pour identifier et clarifier la question initiale, la conceptualiser plus finement et la problématiser.
Le passage au général est éclairant pour donner une “vue de loin” et éviter de se laisser engourdir par la subjectivité ou se perdre dans la narration. Mais cet effacement du sujet n’est pas possible pour tous les “clients” en ce qu’il appelle une démarche assez intellectuelle. Je pense aussi que le philosophe consultant peut déstabiliser les personnes qui ont besoin d’empathie dès lors qu’elles posent une question aux fortes résonances existentielles.
En conclusion, l’effet quant à la connaissance de son mode de fonctionnement est réel.
Extrait 2: Tutorat par Skype avec Google doc
Question initiale: Pourquoi cherche-t-on la vérité ?
Identifier les présupposés
1 – A est curieuse.
2 – A désire avoir un sentiment de justesse.
3 – A est active. Surinterprétation
4 – A a besoin de sens.
5 – A tend à trouver quelque chose d’universel.
6 – A est une intellectuelle.
7 – A se cache.
8 – A est essentialiste.
9 – A a des problèmes avec sa vie sociale.
Questions Série 1
1 – Qu’est ce que la vérité ? Très exigeant
2 – Tous cherchent-ils la vérité ?
3 – La vérité est-elle une quête ? Très exigeant
4 – Cette question est-elle utile?
5 – Que recherchez-vous en posant cette question?
6 – Pourquoi vous cachez-vous derrière un “on”?
Réponse 5 – Que recherchez-vous en posant cette question?
Je cherche à soulager une souffrance, une tension liée à une forme d’ignorance.
Commentaires
A. est impatiente.
Il n’y a pas de “fond” ou “d’irréductible” dans la démarche philosophique, contrairement à la psychologie.
A. aime bien contrôler.
A. s’auto-limite dans sa curiosité par conditionnement éducatif (reproches d’être trop curieuse) ; elle s’en tient donc à des questionnements socialement admis. Concept : Auto-limitation Victime
Conceptualiser, c’est travailler sur le sens des mots: c’est définir, nommer, utiliser, etc.
A. a un vocabulaire radical.
Ce qui a été toujours sera. Seuls changent l’intensité et le rapport que l’on entretient au phénomène.
La croyance échappe au raisonnement.
A. à une tentation vers l’acte de foi.
Critère pour déterminer l’objectivité: éléments observables, expériences possible et reproductibles, raisonnement compréhensible par d’autres, acceptation d’une communauté la plus large possible, sens commun. Subjectivité: concerne une seule personne ou un petit groupe, intervention des sentiments et des croyances, absence de preuves acceptables par le groupe.
A. est contemplative.
A. accepte une certaine corruption dans son existence.
Constructivisme/essentialisme
A. est avide. Le vide est néant, la dissolution du sujet, de A.
On se sert de toute tâche immédiate pour passer au niveau méta.
A. est quelque peu naïve.
Utilité = conséquence que peuvent avoir des idées sur le monde réel.
A. est ratoureuse, manipulatrice/séductrice.
Intention derrière la question.
On se fabrique du mythe.
Conclusion de la séance:
1 – A. cherche avant tout à soulager une souffrance liée à un sentiment d’ignorance.
2 – A. n’est pas authentique avec elle-même et dans son rapport aux autres.
3 – Toute question présuppose une intention.
4 – J’ai aimé cette séance car cela a soulagé des tensions liées à une différence entre ce que je suis et ce que j’essaye d’être.
5 – Ce qui m’a surpris c’est les éléments qui ont été rapidement mis en évidence (avidité, victime, manipulation).