Préceptes pour le jugement rationnel et le dialogue

Préceptes pour le jugement rationnel et le dialogue

Dans cet abrégé, nous proposons une douzaine de principes simples et fondamentaux qui nous semblent permettre et structurer la réflexion et le dialogue philosophiques.

1. Le principe de raison suffisante doit être appliqué : tout ce qui est a quelque raison d’être, tout ce qui n’est pas a quelque raison de ne pas être. Ainsi, la réalité sera abordée de préférence sous le mode conditionnel, hypothétique, problématique ou dialectique, plutôt que sous le mode assertorique et catégorique.

2. Tout ce qui arrive a du sens, tous les phénomènes sont significatifs : ils ne peuvent être pris exclusivement en eux-mêmes, en tant qu’événements isolés, ils reflètent en quelque sorte la nature du réel. Par conséquent, tout ce que nous faisons arrive pour des raisons, conscientes ou inconscientes, que nous pouvons connaître ou ignorer, mais qu’il s’agit d’explorer.

3. Les accidents sont simplement des phénomènes dont les causes, les intentions ou les conditions ne sont pas identifiées, et semblent arbitraires.

4. L’indétermination relève du savoir, en sa nature, ses défauts et ses limites, et non d’une réalité objective, prise en soi. Tout événement doit être justifié par l’argumentation la plus probable, jusqu’à ce que cette exposition soit prouvée fausse ou insuffisante par des événements subséquents.

5. La certitude n’est pas nécessaire pour établir une hypothèse valide, car une telle certitude est très probablement impossible. La probabilité est suffisante, la simple possibilité est insuffisante, sauf pour fournir une objection, lorsqu’il s’agit de problématiser un énoncé.

6. Tout jugement est susceptible de révision car la certitude totale est une impossibilité théorique. Tout énoncé est limité en valeur, en contenu et en application, contraint par des paradigmes déterminés et des conditions de possibilité, y compris le présent énoncé.

7. Des exceptions peuvent infirmer un jugement dans la mesure où elles sont significatives, en nombre ou en contenu, sinon elles ne font que confirmer la règle. Les accidents sont des événements qui se produisent involontairement et de façon inattendue. Ils sont insignifiants à moins d’être répétitifs, reproductibles ou conséquents. Dès lors, ils doivent être pris en charge par de nouveaux principes.

8. Pour toute action humaine, intentions et connaissances devraient être présupposées, quand bien même elles demeurent inconscientes, sauf preuve du contraire. L’esprit n’est jamais neutre : nos désirs, nos sentiments, nos émotions et nos pensées façonnent notre relation au monde et à nous-même.

9. Toute connaissance des événements et des êtres peut être utilisée comme un accès au réel par le biais de la raison, puisque rien n’est privé a priori de sens ou de signification. Tout être ou événement particulier révèle potentiellement la totalité du réel.

10. L’indétermination ne se produit que dans un contexte de détermination. Sinon, elle est dépourvue de sens, niant toute possibilité de raison et de connaissance.

11. Croyances, opinions, intuitions et sentiments forment le substrat de notre être et de notre pensée, mais ils doivent rester ouverts à tout argument, raison ou évidence produits, directement ou indirectement, par nos propres observations et pensées ou par d’autres personnes, dans la mesure où ces apports semblent fondés.

12. Nos vues personnelles du monde constituent la base de notre propre pensée, mais cette perspective particulière doit être consciente de l’altérité, rester ouverte au sens commun, à la réalité objective et à d’autres perspectives singulières, afin de pouvoir être élargie, révisée et améliorée. Nos visions particulières de la réalité doivent être considérées du point de vue de leurs propres limites, de l’extérieur.

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